I lost my mind (ryder)

Cœur errant, tremblant. Le palpitant en berne et la colère au bord des lèvres. Ryder, il s’était retrouvé dans la rue, sans rien dire. Sans rien demander. La chaleur d’une journée dont il commençait à étouffer. Bouffer par ses émotions, ses sentiments contradictoires. Ronger par la situation, par les trahisons. Par l’atmosphère étourdissante de son environnement. Il avait choisi de fuir, encore une fois. Pour ne pas exploser. Pour ne pas se laisser emporter. Ryder, il n’aimait pas les colères, les effusions de haine. Il n’aimait pas extérioriser ses peines, en parler. Il n’aimait pas se rendre vulnérable. Il préférait fuir, lâchement. S’éloigner des problèmes un moment. Dans ces instants, il rêvait à une nouvelle vie. A mieux. A l’idéal. Trente ans en approche, des utopies pleins l’esprit. Des envies de se construire dans un nouveau monde, dans celui qu’il se bâtirait. Il finirait bien par quitter la colocation, par quitter son monde d’enfant. Et dans ses rêves, il y avait Daisy. Et Leonie. Et les doutes, encore et toujours. Les doutes persistants. L’incompréhension de ce palpitant. Dans ses fuites vers le rêve, sa route le conduisait dans un bar. Ces derniers temps, il y venait souvent. Sans doute trop. Espoir d’oublier sans doute. L’alcool pour compenser. Cette fois, les choses seraient différentes. « Ciàran ? » Longtemps qu’il ne l’avait plus vu. Des années. Sans doute que leur dernière conversation aurait pu être la dernière. Des cris, des craintes. Des mots durs et sûrement une baffe ou deux. D’un geste, il avait demandé la même chose qu’habituellement. Un bourbon, sec. Il s’était assis à côté de son cousin. Les souvenirs à vif. « Qu’est-ce qui t’amènes ? Ça faisait longtemps qu’on ne s’était pas vu. » Trop sans doute. « Tu deviens quoi ? » Banalités. Ryder, il ne voulait pas lever la voix. Inquiétude bien gardée, bien présente pourtant.

Il se posait trop de questions, restait trop sur ses gardes.
Ciaràn n'avait plus l'esprit tranquille comme il l'avait depuis 5 ans. Il allait garder l'arme contre lui, comme si sa présence pouvait le rassurer. Mais il se sentait énormément ridicule. Encore plus devant son verre. On dirait un cliché d'un mauvais téléfilm de Lifetime. Mais non, il n'avait plus le choix, il devait se protéger, parce qu'on ne balançait pas quelqu'un comme ça, pour éviter la prison, sans en subir les conséquences. Si y en a qui voyait ça comme de la bravoure, Ciaràn se sentait lâche.C'était un lâche. Il soupira et but une gorgée de son verre. Il allait devoir apprendre à se défendre et ne plus agir en lâche. Et un plan se forma dans sa tête.
Il allait de nouveau prendre le mauvais chemin. Interne le jour, voleur la nuit. Encore une fois, il alimentait un cliché. Mais qu'importe. Soudain, une voix le sortit de ses pensées. Une voix familière qu'il n'avait plus entendu depuis des années. Son cousin, Ryder. La surprise de le revoir s'installa sur son visage. C'était l'année des retours dans la vie des autres ou quoi? Il haussa les épaules et garda une attitude fermée. La dernière fois qu'ils avaient parlé, ça s'était mal terminé. Il finit sa bière et fixa son cousin avant de répondre:

Je travaille ici, enfin je finis d'étudier... Je suis interne en médecine psychiatrique...

Il n'a pas l'envie de sourire, ni de montrer qu'il était content de voir son cousin.L'esprit trop préoccupé par son avenir qui allait changer et par la certaine personne qu'il redoutait de revoir. Alors au diable Ryder et ses jugements, Ciaràn n'en avait que faire. Lui ce qu'il voulait, c'était se préparer à affronter Felix et il allait y arriver. Il n'avait plus 17 ans...