les fleurs du mal (w/iggy)

les fleurs du mal.

samuel, il arpente les rues de Redcliffe, mains dans les poches de son blouson en cuir. aujourd'hui, il a décidé d'aller faire une course bien particulière. sa grande soeur est de retour et depuis, il ne cesse de lui porter tout genre d'attention. la semaine dernière, il est allé chez elle pour concocter un bon petit plat. il y a quelques jours, il lui a offert toute une boite de gâteaux. ceux qu'elle adore. ceux qui capturent ses rêves. il le sait, parce qu'il la connait par coeur. mais aujourd'hui, c'est un tout autre cadeau qu'il a envie de lui donner. des fleurs. ces petites beautés qui emprisonnent les alentours pour apporter de la joie. ces plantes qui permettent aux gens d'apprécier leur odeur, de raviver leur coeur morose par des couleurs vives et chaleureuses. malheureusement, sam, il ne connait qu'un seul fleuriste. rien qu'en y pensant, son myocarde se serre. il s'étrangle tout seul face à la souffrance qui est sur le point de l'attraper. et il a eu raison samuel. à peine entré dans la boutique, il sent son souffle se couper quand il l'aperçoit au loin. sa chevelure de feu tourne dans tous les sens. cet ange qu'il aime tant partage ses sourires avec la foule qui vient à elle. durant quelques minutes, samuel, il reste statique. dans son coin, incapable de faire un moindre mouvement. et pourtant, il le doit. pour sa grande soeur. alors il s'approche. d'un pas délicat, d'un pas douloureux. lorsqu'il arrive à la hauteur de celle qui fut autrefois sienne, il déglutit avec difficulté. ses paupières tremblent, ses mains deviennent moites. même avec toutes ces fleurs autour d'elle, il arrive encore à sentir son parfum. il caresse tendrement les narines du jeune homme, s'infiltre dans son crâne et capture son âme. comme un doux rêve devenu à présent un dur souvenir. « bonjour iggy...» sa voix s'éclate contre les murs, laissant échapper son mal être. il aurait aimé la tenir en place, qu'elle reste droite. mais en vain. samuel, il perd le contrôle quand iggy est juste à ses cotés. il devient fou. littéralement fou. « y a du monde, tu veux que je revienne plus tard ? » et il tente de prendre la fuite samuel. il voudrait juste qu'elle réponde un simple oui et il ferait demi-tour, le dos courbé. c'est ce qu'il veut sam. lâche mais surtout torturé.

- You're like the wind, I'm like the rain
Together we both make hurricanes.

Cela aurait dû être une journée comme les autres. Une de ces journées monotones, où rien ne se passe d'extraordinaire. Iggy s'affairait à la boutique, préparant les bouquets de fleurs que les clients viendraient chercher en fin d'après-midi. Cela avait été une journée bien remplie, où la rouquine distribua autant de sourire que de fleurs et tenta d'occuper son esprit torturé en nettoyant la vitrine entre chaque commande. Éviter de penser à lui, c'était tout ce qu'elle voulait. Et si elle y était parvenu la plupart du temps, c'était sans compter l'énorme barrière qu'allait mettre le destin devant son chemin en cette fin de journée. La boutique était encore bien vivante, lorsque la cloche de la porte d'entrée se mit à danser. Chargée de fermer boutique aujourd'hui et donc de s'occuper de la maintenance en plus des clients, Iggy jeta un œil rapide vers l'entrée alors qu'elle préparait un bouquet pour un vieil homme. Son cœur manqua un battement. Lui. Sam était là, dans sa boutique. Iggy sentit des fourmis dans ses jambes et une vague de chaleur l'envahir. Il ne fallait pas qu'elle se laisse déconcentrer. Après s'être raclé la gorge en signe de nervosité certaine, la fleuriste tendit le bouquet terminé à son client, le gratifia d'un sourire avant de le raccompagner à la sortie. Mais plus elle réduisait l'espace entre Samuel et elle, plus son cœur s'accélérait et plus les picotements se faisaient insistants. Que faisait-il là, bon sang ? — Samuel. Elle ne l'appelait jamais par son prénom entier, sauf lorsqu'elle était fâchée contre lui. Mais aujourd'hui, c'était simplement pour tenter de mettre une distance. Une distance qu'elle peinait à garder, malgré elle. — N-non non. Balbutia-t-elle, confuse, avant de reprendre ses esprits et d'appeler la stagiaire à l'arrière-boutique pour qu'elle prenne le relais des autres commandes. — Que fais-tu ici ? Elle se voulait détachée, la rouquine, mais son ton était sec, et froid. Le savoir ici, alors qu'ils n'étaient plus ensemble remplissait sa petite tête déjà bien pleine de questions. Voulait-il enfin lui parler ? Il n'y avait que ces deux solutions, après tout. Et si ce n'était pas ça alors... A qui voulait-il offrir des satanées fleurs, si ce n’était elle ?

les fleurs du mal.

sam, parfois, son cerveau s'arrête de réfléchir pour le reposer avec toutes ces histoire. il le met en pause et ne l'utilise qu'en cas d'urgence extrême ou pour son boulot. parce qu'il est fatigué de devoir se battre. fatigué que ses neurones s'activent constamment jusqu'à lui donner un mal de chien. et aujourd'hui, il n'a absolument pas réfléchi aux conséquences de ses actes. non sam, il est aveuglé par la colère. vision floutée par la tristesse. il ne se rend pas compte de son idée, qui au fond n'est pas tordue, mais peut l'être pour des personnes extérieures. en particulier avec iggy. samuel, il ne connait que sa boutique pour trouver des fleurs. pas une autre, la sienne. et comme un gamin innocent, il s'y est rendu. il savait très bien ce qu'il allait ressentir en la voyant. de la souffrance. un myocarde emprisonné entre les griffes de ce sentiment si lâche, l'amour. mais il l'a fait. pour sa grande soeur. rien de plus, rien de moins. et quand vient enfin son tour, il ose. sam, il râcle la gorge pour se donner du courage. le jeune weiss tente comme il peut de bien prononcer chaque mot. il essaie de garder le contrôle sur sa voix, celle qui devrait normalement se fracasser, trembler à cause de toutes ces émotions qui rongent l'âme du jeune homme. mais son donjon, son château fort s'effondre en entendant la sienne. cette douce mélodie qui le berçait autrefois. cette voix si agréable, qu'on voudrait l'enregistrer pour apaiser ses maux quand elle n'est pas là. et même si son ton est sec, froid, samuel, il vacille face à sa rousse. son ancienne rousse. « hm..j'aimerai acheter des fleurs pour une personne..» et il ne dit rien d'autre sam. il n'indique pas cette fameuse personne, il ne donne aucun indice. non. il est direct et concret. il va droit au but sans contourner. « n'importe quelle composition florales..peut être du violet ? » au fond, il ne sait pas s'il agit ainsi pour tester iggy. la voir colérique, s'apercevoir qu'elle tient à lui malgré tout. qu'elle est encore amoureuse de ce monstre qui a gâché son conte de fées. non en faites c'est ça. sam, il veut y croire. que leurs coeurs sont unis et battent encore ensemble malgré les déchirures. que leur douce symphonie est toujours d'actualité, prête à rejouer le morceau. délicatement, tendrement mais surtout, avec amour.

Faisait-il tout ça exprès pour toucher la rouquine ? Etait-il à ce point là cruel, à vouloir lui montrer qu'il avait su tourner la page et qu'il voyait une autre femme ? Le cœur de la fleuriste se serra alors qu'elle croisait maladroitement son regard.  — Cette personne... est-elle proche de toi ? Si Iggy essayait tant bien que mal de garder son sang froid et un ton neutre, elle fulminait à l'intérieur. C'était une question tout-à-fait banale et de mise pour les autres clients, mais pour Sam, cela prenait une tout autre tournure. Une tournure qui donnait des vertiges à la jeune femme. Pour éviter une catastrophe supplémentaire, la rousse se retourna et fit mine de chercher des fleurs qui pourraient correspondre à sa recherche, même si au fond, elle ne rêvait que d'une chose, de les lui faire manger par la racine. — Bien. Sa voix se brisa et elle se pinça les lèvres avec force. Une boule se forma gentiment au fond de sa gorge et Iggy ignorait si elle avait envie de hurler ou d'éclater en sanglots. Cette situation était déjà beaucoup trop pénible mais présentement, elle prenait une tournure encore plus réelle et elle n'était décemment pas prête à y faire face. La boutique de fleurs se vida d'un coup, comme si les autres clients avaient eux aussi sentit le malaise qui s'était installé. En silence, Iggy composa un petit bouquet dans les tons violacés, alors que son esprit était totalement ailleurs. Silencieuse, elle tourna dans la boutique à la recherche de ce qu'il voulait, Samuel la suivant comme son ombre. Mais c'était trop pour elle. Beaucoup trop. Tellement trop qu'elle se stoppa net et se retourna pour lui faire face, sans crier gare. — Tu n'as pas honte de venir te pavaner comme ça, devant moi ?! Elle explosa. Littéralement. Les yeux brillants de larmes, les joues rosies, Iggy planta son regard noir dans celui du flic, déterminée à lui montrer toute la colère qu'elle ressentait en ce moment-même. Tant pis si elle se ridiculisait un peu plus. — Ça ne fait même pas cinq minutes qu'on est séparés et toi, tu viens ici comme si de rien et tu demandes à ton ex petite amie de te préparer un bouquet pour ta nouvelle greluche ? Menaçante, elle pointa le bouquet devant le net du jeune homme, l'obligeant à reculer. — J'ignorais que tu étais à ce point égoïste. La rouquine ne mesurait plus le ton qu'elle employait, elle laissait libre court à sa colère, quitte à passer pour une timbrée, au moins cela la libérerait. Puis, qu'avait-elle encore à perdre, désormais ? A priori, il avait tourné la page.