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 called the space between us love. (daisy)

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Toby Blackheart
Toby Blackheart

- Messages : 65

[sun is rising]
- In my pockets : car keys, a zippo lighter, his spa badge, a paperback.
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called the space between us love. (daisy) Empty
MessageSujet: called the space between us love. (daisy)   called the space between us love. (daisy) EmptyMer 4 Oct - 14:57

if it were up to you,
we would have struggled through this,
slept in the same bed without touching
and called the space between us love.

Les rôles furent distribués avec une précision militaire. Iggy s'occupe de la déco. Samuel est en charge de la musique – les soupirs dramatiques de Toby, vains, avaient été rencontrés par un "NOBODY LIKES JOHNNY CASH THAT MUCH, TOBS!" à cinq voix. Dee, mettant une fois de plus ses talents aux profits de l'ivresse collective, s'occupe de négocier la picole au meilleur prix auprès du fournisseur de son patron. Lui s'est retrouvé, en raison de deux bras costauds et d'un pick up aux capacités de stockage multiples, en binôme avec Ryder, affecté aux courses. Ce qui explique donc sa présence chez Walmart, un vendredi à cinq heures, forçant douze sacs de chips à rentrer dans un seul et même sac plastique déchiré tout en marmonnant dans sa barbe que, bordel, si, tout le monde aime Johnny Cash, sinon à qui a-t-il volé ses dix-huit putain de Grammy Awards, hm, À QUI ?

Fast forward quelques heures. La soirée bat son plein. Les tempes de Toby aussi. Il ne sait plus quelles étaient leurs raisons pour fêter l'anniversaire de Harlow avec une semaine de retard. Quelqu'un avait un truc, un autre avait piscine, une troisième personne avait *gasp* une vie en dehors de leur petite bande de joyeuse co-dépendance. Il ignore comment le plancher se retrouve à ployer sous le poids de cinquante convives alors que la somme totale de leurs carnets d'adresse en contient douze. Il ignore comment Iggy se retrouve sur ses épaules (il est vaguement question du fait qu'elle a un objet/une personne/une planète à localiser ab-so-lu-ment, et toutes les chaises sont occupées). Il ignore comment, cinq minutes plus tard, Iggy se retrouve sur ses épaules avec son chat dans les bras. Il ignore, surtout, ce qu'il fait là. Ce qu'ils font là. Tous ces gens. Il est content de les voir. Il n'en a rien à foutre. Il a trop bu pour prendre la peine de feindre un sourire. Pas assez pour qu'il soit authentique. Sam est en charge de la musique et donc – sauf le respect – elle craint. Il lui faut de l'air.

Il lui faut de l'air car tout ça, là, les tâches, la musique, ce maudit sourire, c'est en l'honneur d'une Harlow qui a l'air de vouloir être partout sauf ici, bien qu'elle donne le change dans un effort démesuré. Il n'a même pas l'énergie de lui passer un bras autour des épaules, lui chuchoter à l'oreille une blague grossière qui la ferait pouffer. Son petit monde éclaté à travers l'appartement. Du sang sur les murs. Iggy et Sam, deux aimants identiques, les mouvements de l'un repoussant l'autre du côté opposé du diamètre. Daisy 'Sarah Bernhardt' Donovan a pris ses quartiers en plein centre de la cuisine, distrayant un petit parterre de chanceux. Elle rit aux éclats. Ils suivent avec une seconde de décalage. Public facile, pendu à ses lèvres et à leur quatrième Corona. Parmi lesquels Ryder, tête basculée contre le frigo, avec aux lèvres le sourire doux-amer de ceux qui savent. Dans un éclat de lucidité tranchant, de ceux qui s'engouffrent dans le creux entre deux verres, Toby sait qu'il est de trop. Qu'il a fait son temps. Aussi, consciencieusement, il rassemble ses affaires. Ses clopes, son verre, son spleen, son chat. Et sort.

Sur l'entresol, à quelques marches de l'entrée de leur appartement, pour celui qui sait où regarder, se trouve une fenêtre à guillotine qui donne sur un escalier de secours. Il ne sait ce qu'il lui trouve, à cet endroit, la vue sur les néons du diner ou le champ sémantique de la fuite. Pluto, cette petite boule de poil grise offerte par sa mère pour Dieu sait quelle raison, a apparemment le vertige. Bon à savoir. Pour un chat. On aura tout vu. Il se réfugie derrière le jean de Toby. Lui, penché au-dessus du garde-fou, tente tant bien que mal de recouvrir la ville de fumée. Elle lui sort des poumons dans un flux constant, sans jamais s'arrêter, dragon aux poches vides. Elle sort sans jamais s'arrêter car, chaque fois qu'elle se disperse, elle laisse voir les toits. Les artères mornes. Le désert. Son propre ennui. Il entend la fenêtre grincer derrière lui et répond, mécaniquement "Ocupado." L'endroit a sa petite réputation pour les couples en manque de romance mais fuck, qu'ils aillent se bécoter ailleurs, il peut même leur filer sa chambre pour tout ce qu'il en a à foutre. C'est en entendant Pluto miauler avec affection que Toby lance un regard au-dessus de son épaule. Dee. Il détourne la tête avec détachement, amer, sans savoir exactement pourquoi, ni contre qui – tout ce qu'il sait c'est qu'elle est là, alors qu'il préférerait être seul. "L'entracte, princesse ?" Ouais, c'est mesquin, ouais, c'est petit. Mais il n'a jamais prétendu être quoi que ce soit d'autre. Peut-être qu'il sera le seul à comprendre sa blague qui, du reste, n'a rien d'amusant. Il pense au gamin qu'il était à dix-neuf piges. Ce petit enfoiré aux rêves trop grands, aux mots trop petits, claquemuré dans sa propre fumée. Amoureux, sans savoir le dire, de cette fille qui ne sait pas l'entendre. Buvant sur un porche.
Une décennie réduite à rien.
Rien de plus, rien de moins.
À part un chat.
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